Traduction gestes et signes


Infos

Dates
30 mai 2018
Lieu
ULiège, Salle de l'Horloge,
Place du 20-Août 7-9,
4000 Liège
Horaires
De 14h à 17h

La langue des signes est actuellement au cœur des recherches en traductologie. Souvent langue de traduction, elle peut pourtant être aussi langue de création. Julie Chateauvert et Kerstin Hausbei présenteront différentes pratiques artistiques signées et mimées pour montrer en quoi une langue qui s’exprime par le corps déplace les questionnements habituels de la traductologie.

Séance en partenariat avec le CEREG de l'Université Sorbonne Nouvelle (France)

Répondante: Laurence Meurant (UNamur, directrice du LSFB-Lab) 

Kerstin Hausbei

A côté de sa carrière de soliste, Marcel Marceau a pratiqué avec sa troupe un théâtre gestuel qui repose sur une forme de traduction : le mimodrame. Il utilise ce genre pour adapter des textes issus de la littérature narrative ou dramatique. Nous analyserons les partis pris et procédés qui régissent ce type de «  traduction » en nous appuyant sur un exemple concret issu de ce répertoire, le spectacle Les Trois perruques d’après Le Talismandu dramaturge autrichien Johann Nestroy dont les pièces sont souvent considérées comme étant intraduisibles en raison de nombreux jeux de mots et changements de registre de langue. Formé par Etienne Decroux, le père du mime corporel dramatique, Marceau rejette comme son maître le logocentrisme de la pantomime dans la lignée de Jean-Gaspard Debureau qui, née au XIXe siècle de la contrainte (les théâtres des faubourgs n’avaient pas de privilège pour le théâtre parlant), consistait à traduire «littéralement» les dialogues dramatiques à l’aide d’un lexique (un répertoire de signes-mots) et une syntaxe adaptée à la réception visuelle. Comme Decroux, il part du corps et non du mot, mais il reste attaché à un théâtre narratif, populaire et littéraire. Aussi, il s’efforce de rendre le texte source jusque dans son style. Mais peut-on pour autant considérer que l’original a été traduit ?

Biographie

Formée en études germaniques et études théâtrales et ayant pratiqué la dramaturgie et mise en scène, Kerstin Hausbei est aujourd’hui maître de conférences au département d'études germaniques de l'université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et membre du CEREG. Ses recherches portent sur la poétique des formes dramaturgiques et théâtrales. Elle a récemment travaillé sur espace et narration chez Schimmelpfennig, matérialité et narration dans le livre audio, geste, image et théâtralité chez Grillparzer. L’intervention s’appuie sur son article « Nestroy en version muette : Le mimodrame Les trois perruques de Marcel Marceau en 1953 à la Comédie des Champs-Elysées », Austriaca 75, 2013, p. 155-181.

Julie Chateauvert

Dans le cas des Langues des Signes, la question de la traduction est le plus souvent prise sous l’angle de l’interprétation simultanée comprise à des fins d’accessibilité et pour répondre aux besoins particuliers d’une minorité considérée handicapée. Dans le cadre de cette présentation, je me propose de décaler ce cadre de référence courant afin d’envisager les Langues des Signes, comme toute autre langue, partie prenante de la diversité linguistique générale. Partant d’un corpus d’œuvres créées en LS, je proposerai un survol d’enjeux esthétiques et politiques soulevés par un projet de traduction qui implique la circulation entre les langues vocales et signées.

Biographie

Articulant depuis 1998 une démarche de création artistique, d’action politique, et de recherche théorique, Julie Chateauvert a complété une thèse de doctorat, intitulée Poétique du mouvement : ce que les langues des signes font à la littérature au département d’Études et Pratiques des Arts de l’Université du Québec à Montréal (2014). Membre fondatrice du collectif de recherche sur les langues et cultures sourdes (EHESS-Paris), elle a rédigé l’entrée Poetry dans la toute première encyclopédie dédiée aux études sourdes, Deaf Studies encyclopedia (Saje 2016). Elle faisait paraître récemment, dans la revue intermédialités, un article abordant les enjeux qui seront discutés plus profondément lors de cette séance.

Photo by Jo Hilton on Unsplash

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